Ayas, humour et esprit de la Commune

Ayas, humour & esprit de la commune

Ouvrage dirigé par
Ugo Bellagamba, Estelle Blanquet,
Éric Picholle & Daniel Tron

Éditions du Somnium,
coll. Sciences & Fictions à Peyresq 6bis

DATE DE PUBLICATION : juin 2014

PAGINATION : 298 pages

ISBN : 978-2-918-696-094 

PRIX : 15 €
 

Le thème de l’édition de mai 2012 était Intelligence(s) Artificielle(s). En particulier, une session a été consacrée à son traitement dans l’œuvre de Roland C. Wagner, Peyrescan de la première heure, et en particulier au personnage de Gloria, l’aya facétieuse de son cycle des Futurs mystères de Paris.

Roland C. Wagner a tragiquement disparu le 5 août 2012. Le présent volume, qui complète les actes proprement dits de la dernière édition qu’il aura animée de sa gouaille aussi sincère qu’aiguisée, est l’hommage que ses amis peyrescans ont tenu à rendre à cet écrivain important et acteur majeur de la science-fiction française.

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Synthèse de la session par Anouk Arnal & Éric Picholle.


Avec trois nouvelles inédites :
Rô l’improbable, de Jeanne-A Debats
Le réducteur de probabilités, d’Ugo Bellagamba
So Faraday, de Claude Ecken

L’aube certaine

Il y eut un âge sombre en France. Une époque pas si lointaine et hantée de superstitions, durant laquelle les universitaires, et les grandes institutions qui les agrégeaient, ne s’intéressaient guère à cette étonnante part de la culture qu’incarne la science-fiction. Lire de la science-fiction, écrire sur la science-fiction, utiliser la science-fiction comme un outil pédagogique ou y consacrer une journée d’études était, au mieux, une étrange lubie désignant les chercheurs les plus marginaux (ceux supposés avoir trop d’égo et trop peu de conscience professionnelle pour simplement « entrer dans le moule » d’une Recherche française dominée par l’exigence de la norme) ; au pire, une faute professionnelle exposant l’indélicat à une bienveillante, mais sévère réprimande. Étrangement, et bien que la science-fiction prétende, depuis ses origines, se mêler de science, de diffusion de la connaissance, voire de vulgarisation de la méthode scientifique, ce furent plutôt les humanités (lettres, histoire, langues, sociologie, philosophie) qui versèrent dans cette ségrégation intellectuelle. Bien rares, il faut le rappeler, étaient les thèses qui, tout en portant sur un authentique corpus «SF» et répondant à toutes les exigences formelles et substantielles de l’exercice, se concluaient par des éloges, et surtout un recrutement.

Cet âge sombre est terminé. Et, aujourd’hui, définitivement.

Terminé. Si certains territoires de la recherche universitaire ont acquis depuis longtemps leur autonomie et leur ouverture, même les foyers de réticence les plus flagrants, comme les disciplines historiques, sociologiques et juridiques, ont récemment semblé se libérer de leurs préjugés à l’encontre du corpus et de l’objet « science-fiction ». Les langues, en particulier, avaient ouvert la voie grâce au travail continu de certaines universités, comme celle de Nice. Les lettres, également, avec, jusqu’à très récemment, la condition informulée mais sine qua non de travailler sur des auteurs et des œuvres à la fois légitimées et neutralisées par le temps écoulé, comme Jules Verne et les Voyages Extraordinaires, Herbert George Wells et ses utopies scientistes ou J.-H. Rosny aîné et sa Guerre du Feu. Si la philosophie, prudente par essence mais rebelle à toute autorité par nécessité, ne fut pas première, elle ne fut pas en reste : la destruction des contraintes, puissamment libératrice, fut permise par l’ouvrage de Guy Lardreau, Fictions philosophiques et science-fiction (Actes Sud), à la fin des années quatre-vingt. À partir de là, la récréation qu’offrait la science-fiction devint, comme celle-ci l’avait toujours souhaité, indissociable de la réflexion érudite, critique, sur ses sources, ses contextes, ses techniques et ses thématiques. Petit à petit, la science-fiction put enfin sortir du ghetto dans lequel l’avait enfermée cette pratique bien nationale d’un pseudo-cartésianisme de bon aloi, produisant nombre de césures rassurantes et de certitudes catégorielles qui, tout en protégeant la Recherche de la volatilité trompeuse du contexte, l’ankylosèrent durablement.

On peut aujourd’hui revendiquer en France, comme dans le monde anglo-saxon, l’émergence d’un champ académique des études en science-fiction. Pour cela, l’Université a dû relever au moins deux défis à ses traditions : l’interdisciplinarité obligée, d’abord, qui seule permet de confronter à la fois les savoirs et les méthodes d’analyse, ainsi que les observables conjuguées de la science et de la fiction. La confrontation sociologique à un champ d’expertise extra-académique ensuite, le développement d’une communauté de la science-fiction s’étant accompagné au fil des décennies de celui d’un fandom turbulent mais volontiers érudit et même théoricien.

C’est cette double contrainte qui avait présidé en 2007, à un moment où la partie semblait loin d’être gagnée, à la création des Journées interdisciplinaires sciences & fictions de Peyresq, sous le haut patronage de l’Université de Nice-Sophia-Antipolis et avec le soutien décisif des associations Physique à Nice et Peyresq Foyer d’Humanisme. Ces Journées se sont d’emblée présentées comme des espaces dynamiques de réflexion pluridisciplinaire manipulant des « corpus » certes déjà classiques, mais sous un angle novateur, comme l’œuvre littéraire de l’américain Robert A. Heinlein, envisagée en 2007 comme instrument de la pédagogie du réel, ou encore celle de Rudyard Kipling, se concentrant sur l’objet technique et l’enchantement qui en découle, en 2008.

Nous pouvons l’avouer, alors que se profile déjà la huitième édition de cette aventure fédératrice : nous n’avons jamais réellement douté de la capacité des universitaires à franchir leurs frontières disciplinaires, lorsque les circonstances le permettent. À Peyresq, la magie du lieu et la qualité des participants y ont pourvu ; mais d’autres approches ont également su triompher de cette difficulté somme toute assez classique. Non, la véritable incertitude, le véritable défi, c’était de sortir du ghetto universitaire sans pour autant renoncer aux normes académiques de rigueur et d’excellence. Et c’est dans une large mesure à deux écrivains d’exception, Peyrescans de la première heure, que nous devons d’y avoir réussi : Claude Ecken et Roland C. Wagner. Ce dernier a tragiquement disparu à l’été 2012, quelques semaines seulement après avoir animé, de sa gouaille aussi sincère qu’aiguisée, les plus récentes Journées de Peyresq, sur le thème de(s) Intelligence(s) Artificielles(s), au premier rang desquelles sa propre Gloria.

La communauté peyrescane ne pourra bien sûr lui rendre ce qu’il lui a offert, ni sans doute retrouver cet alliage qui n’appartenait qu’à lui, et en même temps si caractéristique de la SF qu’il aimait, d’ambition intellectuelle joyeuse et de tolérance sans concession. Mais oubliant un instant notre chagrin, nous pouvons engager – trop tard, comme toujours – le travail de reconnaissance et d’appropriation que l’Université sait réserver aux auteurs importants. Roland Wagner nous laisse un corpus en langue française d’une richesse unique, fruit de quelque quarante années de publications, d’expérimentations et d’explorations, aussi bien thématiques et stylistiques, sur des supports aussi divers que complémentaires. Une œuvre convoquant, interrogeant et subvertissant, tour à tour, et avec grâce, l’utopie, l’uchronie, le rock et la physique quantique, l’engagement politique, l’histoire de la décolonisation, les grandes figures de la culture française, la démocratie américaine, le legs des auteurs, du fandom et des éditeurs de «l’âge d’or» de la science-fiction américaine, le poids de la culture populaire, et la nécessité intellectuelle d’abattre toutes les barrières mentales qui de la pensée entravent le cours.

Il y aura encore bien d’autres « corpus » de science-fiction à convoquer, et les cotes des « archives du futur », qu’elles se trouvent à la Bibliothèque Nationale de France ou ailleurs, sont loin d’avoir été toutes attribuées et rendues accessibles aux chercheurs. Mais, pour l’heure, il y a, dans les rayonnages virtuels de notre bibliothèque universelle, un nouveau fonds, riche et ambigu, au point de paraître insondable, et presqu’inquiétant. Il faudra encore de l’audace, et de solides compétences tous azimuts, au directeur de thèse qui proposera comme sujet d’étude Les Futurs mystères de Paris ou Rêves de Gloire. Il faudra de la détermination et une belle constance à l’apprenti-chercheur pour cartographier ce nouveau territoire et, sous la beauté formelle de l’imaginaire, en discerner la trame conceptuelle qui éclaire le monde. Mais, nous le croyons, la recherche se précipitera tôt ou tard à la rencontre. Et le nom de Roland C. Wagner ne sera, dès lors, plus seulement celui d’un esprit libre et d’un romancier marquant du tournant du XXIe siècle français, mais aussi le synonyme, pour la nouvelle génération de chercheurs et leurs maîtres avisés, d’une formidable aventure intellectuelle.

Mieux : il s’agit d’une seconde naissance, que les amis de Roland C. Wagner qui, à ses côtés, chercheurs et écrivains mêlés, contribuèrent à forger une communauté intellectuelle et philosophique, se devaient de célébrer.

 

 LES PARTICIPANTS

Les journées Sciences & Fictions de Peyresq constituent un moment de rencontre entre “littéraires”, “scientifiques” et écrivains conscients de l’importance de la science-fiction comme outil de communication et de pédagogie de la science.

Sylvie Allouche • Philosophe, Centre for Ethics in Medicine, Université de Bristol, Royaume-Uni
Danièle André •
Angliciste, Université de La Rochelle
Anouk Arnal • Ingénieur agronome, Avignon
Ugo Bellagamba • Écrivain & historien du droit et des idées politiques, Laboratoire ERMES, Université de Nice Sophia-Antipolis
Estelle Blanquet • Formatrice «sciences» à l’ESPÉ de Nice – Didactique des sciences, Université de Nice Sophia-Antipolis & LDES, Université de Genève
Simon Bréan • Littérature comparée, Université Paris IV Sorbonne
Bernard Convert • Sociologue, CNRS Lille
Jeanne-A Debats • Écrivain, Paris
Jean-Claude Dunyach • Écrivain et ingénieur, Toulouse
Claude Ecken • Écrivain, Béziers
Jean-Luc Gautero • Logicien et épistémologue, CRHI, Université de Nice Sophia-Antipolis
Gérard Klein • Écrivain & éditeur, Paris
Sylvie Lainé • Écrivain & professeur de sciences de l’information, Université Jean Moulin, Lyon 3
Samuel Minne • Lettres modernes, CERLI
Éric PichollePhysicien, CNRS LPMC, Nice
Yannick Rumpala • Sciences politiques, ERMES, Université de Nice Sophia-Antipolis
Timothée Rey • Écrivain & professeur, Nice

Pascal J. Thomas • Mathématicien, Université Paul Sabatier, Toulouse
Daniel Tron • Angliciste, Université François-Rabelais de Tours
Jean-Louis Trudel Écrivain & historien des techniques, Université d’Ottawa, Canada
Roland C. Wagner •
Écrivain

 

 NOS PARTENAIRES

Les Journées interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq sont organisées par l’Université de Nice Sophia-Antipolis, l’Université François-Rabelais de Tours et l’association Physique à Nice, avec le soutien du GIS CAPEF et de l’association ASBL Nicolas-Claude Fabri de Peiresc “Foyer d’Humanisme”.

Pour inViter à la lecture, voici des extraits de l’ouvrage.

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– du Sommaire détaillé

– de l’index des thèmes, des ouvrages et des personnes cités : Index général

quelques illustrations intérieures

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