Le Temps
Le Temps
Ouvrage dirigé par
Ugo Bellagamba, Estelle Blanquet,
Éric Picholle & Daniel Tron
Éditions du Somnium,
coll. Sciences & Fictions à Peyresq 10
DATE DE PUBLICATION : novembre 2017
PAGINATION : 470 pages
ISBN : 978-2-918696-15-5
PRIX : 23 €
Les Journées Sciences & Fictions de Peyresq constituent un moment de rencontre entre créateurs et chercheurs de toutes disciplines, « littéraires » comme « scientifiques », tous conscients de l’importance de la science-fiction comme outil de communication et de pédagogie.
Comme machine à explorer le temps, peut-être, aussi ?
Quelles seraient alors les modalités de ces explorations ? Quels sont les temps que ce genre singulier et polymorphe déforme, dissèque, sublime et manipule ? Qu’est-ce que la science-fiction nous dit du temps à travers ses récits de vies humaines, de civilisations, d’espèces et de futurs, de formation de planètes, du cosmos et du destin de l’univers ? Que trouvent les voyageurs imprudents au bout de leur voyage ?
L’édition 2016 aura donc été l’occasion d’aborder ce thème du Temps qui hante la littérature et le cinéma de science-fiction, des paradoxes du voyage temporel à ceux de la relativité, et des uchronies de Charles Renouvier au Temps incertain de Michel Jeury et aux fugues temporelles de Philip K. Dick.
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Synthèse des sessions par Ugo Bellagamba et Éric Picholle,
avec une nouvelle : « Jumelles ! », texte inédit en français d’Éric Picholle.
Le Temps des Peyrescans
Le mot temps, dans la langue française, est un mot passionnant. Intelligent, aussi. Donc, inévitablement peyrescan. Spontanément, le temps prend un «s» pour montrer tout à la fois son étymologie latine (tempus), ses définitions culturelles (temps métaphysique, temps philosophique, temps social et politique) comme cultuelles (temps de jeûne, de prière, d’eucharistie), mais aussi la diversité de ses mesures et les réalisations concrètes qui en découlent, des premiers garde-temps jusqu’aux horloges à atomes froids.
Il assume encore sa relativité physique, voire cosmologique, puisque même au singulier, «le» temps reste pluriel. Comme les fleuves, auquel il est souvent comparé, le temps a toujours son nom d’usage, local, purement cartographique ; mais pour chaque voyageur, le trajet vers l’aval est différent. Ses méandres sont innombrables, changeants. Parfois si déroutants que seule la science-fiction ose s’y amarrer, pour prendre des prélèvements, formuler des interprétations. Citons-en quelques exemples : dans Premier contact, du cinéaste québécois Denis Villeneuve, le temps est circulaire, comme si ses eaux, habilement canalisées par des ingénieurs facétieux, n’avaient plus ni source ni embouchure ; dans l’œuvre de l’écrivain français Michel Jeury, le temps est psychotrope, et les drogués y frayent à la recherche d’un instant propice pour y enfanter leurs rêves d’éternité ; chez Frank Herbert, le temps devient un sentier d’or que seuls les plus sages peuvent emprunter.
Lorsqu’ils se penchent sur le temps, les philosophes recherchent une eschatologie de la pensée, les linguistes conjuguent le sens et la syntaxe, les juristes rejettent la rétroactivité et étudient les révolutions. Tous choisissent leur juste point de bascule dans le temps, ce démon de midi ou de minuit qui leur permet, en déverrouillant leurs certitudes, de changer de paradigme ou simplement de regard. Quand les chercheurs, souvent, se concentrent de préférence sur le début des temps, la fin des temps semble obséder les auteurs, qui y hébergent leur goût immodéré pour la satire des civilisations. Ils se moquent de l’arrogance de leurs contemporains qui croient, à toute force, qu’ils peuvent faire l’économie de l’ancien temps et programmer l’avenir. La notion d’époque, enfin, est sans doute le pire vade-mecum de toute réflexion sur le temps. De ce point de vue, la science-fiction est d’une sage humilité : elle sait qu’elle porte en elle la marque indélébile du présent. C’est pourquoi elle est le sextant idéal pour faire le point sur les Journées Interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq et le cap pris depuis leur première édition en 2007.
Cette dixième édition, du 13 au 16 mai 2016, a voulu prendre le temps à son propre jeu, le convoquer à ses débats humanistes. Il a répondu à l’appel, il est monté à bord du grand vaisseau de pierre et a suspendu son cours, intrigué par la folle audace des participants. Les sessions ont comparé le temps historique et le temps biologique, le vieillissement des sociétés et de ceux qui les inventent, pour savoir si les civilisations pouvaient céder à la sénilité ou si, au contraire, le désir infantile de puissance créatrice balayait, d’un revers uchronique, toutes les formes de déterminisme et d’entropie politique. Les paradoxes ont fusé, tels des boulets, et le temps a jonglé avec. Puis, il s’est fait plus discret, sans doute fasciné par quelques perles ou ses reflets animés. Comme vous le découvrirez dans les textes qui suivent, de la synthèse thématique aux articles, les Peyrescans ne se sont pas contentés, pour fêter leur décennie, de donner une flèche au temps. Ils lui ont fourni le bois flexible de leur interdisciplinarité et l’ont agrémenté de l’empennage de leurs pensées. Le village lui a fourni la pierre dans laquelle fut taillée la pointe de la flèche. Le temps l’a décochée. Par pudeur et modestie, les Peyrescans diront tous qu’ils ne savent pas où sa trajectoire parabolique l’a menée, ni même si elle a atteint sa cible. À vous, lecteurs, d’en décider. Considérez les Actes qui suivent comme votre carquois et, surtout, prenez le temps de bien viser.
LES PARTICIPANTS
Les journées Sciences & Fictions de Peyresq constituent un moment de rencontre entre “littéraires”, “scientifiques” et écrivains conscients de l’importance de la science-fiction comme outil de communication et de pédagogie de la science.
Anouk Arnal • Ingénieur agronome, Saint-Martin-du-Var
Ugo Bellagamba • Écrivain & Historien du droit et des idées politiques, Laboratoire ERMES, Université de Nice Sophia Antipolis
Estelle Blanquet • Didactique des sciences, ESPE d’Aquitaine, LACES, Université de Bordeaux & CRHI, Université de Nice Sophia Antipolis
Cécile Boré • Angliciste, IUR Michel de Montaigne, Bordeaux
Jean Dhombres • Historien des mathématiques, Centre Alexandre Koyré, EHESS
Claude Ecken • Écrivain, Béziers
Brigitte Ernst • Conseillère communale de Liège, ancienne députée européenne, ancienne secrétaire fédérale du parti écologiste belge francophone
Yves Frémion • Écrivain, ancien député européen
Jean-Luc Gautero • Logicien et épistémologue, CRHI, Université de Nice Sophia-Antipolis
Éric Picholle • Physicien CNRS, LPMC Nice
Jean Picholle • Chef d’entreprise, Pau
Florence Quinche • Éducation aux médias et éthique, HEP Vaud, Suisse
Pascal J. Thomas • Mathématicien, Université Paul Sabatier, Institut de Mathématiques de Toulouse 2
Daniel Tron • Angliciste, Université de Tours & LACES, Bordeaux
Anthony Vallat • Sociologue, École Supérieure de Santé de Lausanne, Suisse
LES SOUTIENS
Ces Journées sont organisées par l’Université de Nice Sophia-Antipolis, l’Université François-Rabelais de Tours, l’ESPÉ d’Aquitaine et l’association Physique à Nice, avec le soutien de l’ABSL Nicolas-Claude Fabri de Peiresc Foyer d’humanisme.
Pour inciter à la lecture, voici des extraits de l’ouvrage.
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