Récits & Modélisation
Récits & Modélisation
Ouvrage dirigé par
Ugo Bellagamba, Estelle Blanquet, Éric Picholle & Daniel Tron
Éditions du Somnium,
coll. Sciences & Fictions à Peyresq 12
DATE DE PUBLICATION : octobre 2020
PAGINATION : 492 pages
ISBN : 978-2-918696-01-8
PRIX : 23 €
Qu’est-ce donc qu’un modèle ?
Quoi de commun entre la modélisation du changement climatique par le GIEC et la ville-modèle d’un architecte ? Entre les représentations du monde quantique, un modèle boursier et le monde idéal d’une utopie politique ? S’agit-il de décrire au mieux un présent simplifié, d’anticiper l’avenir, ou d’éprouver nos représentations par des expériences de pensée ?
Et si tout modèle scientifique, au sens le plus large, relève par construction de la pure fiction, quel rapport entretient-il avec la science-fiction et ses récits ? Suffit-il d’inventer un monde de fiction un peu cohérent pour «faire modèle» ? Peut-on parler de modèles narratifs, comme on parle de modèles numériques, analytiques ou analogiques ?
Réunissant dans le village perché de Peyresq des chercheurs de toutes disciplines, «littéraires» comme «scientifiques», et des écrivains de science-fiction, ces journées «Récits & Modélisation» ont permis d’envisager des questions qui dépassent aujourd’hui le cadre classique de la philosophie des sciences, dans un monde qui, plus que jamais peut-être, peine à s’imaginer un futur.
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Synthèse des sessions par Éric Picholle.
+ Articles et encadrés.
La question du modèle interroge l’intelligence de l’homme depuis les origines ; elle informe toutes les branches de la connaissance scientifique, ou presque, depuis Aristote, à tout le moins. Celle du récit, conte ou mythologie, épopée ou lai chevaleresque, roman ou nouvelle, est consubstantielle à la culture de la science-fiction, qui n’existe que pour autant qu’elle est toujours une narration et non une simple spéculation. Mais qu’en est-il des liens entre les deux ?
Leur multiplicité donne instantanément le vertige. D’abord, parce qu’en littérature comme en science, les modèles se sont toujours succédé au fur et à mesure de l’avancée des techniques, de la mutation des idées, pour ne pas dire des paradigmes. Ainsi, en astronomie, les modèles elliptiques képlériens finissent par succéder aux complexes épicycles ptoléméens et, en littérature, l’utopie-mère se mue, petit à petit, en discours programmatique puis en science-fiction et livre mille rejetons spéculatifs, conformes à l’esprit du temps ou à celui du lieu. On doit donc s’interroger, dans les deux cas, sur les mécanismes qui permettent ces changements de modèles. Par quoi sont-ils provoqués ? Le temps, la masse critique, le génie, la volonté de simplification ?
Ensuite, parce qu’il semble que tout récit de science-fiction, et toute entreprise de modélisation, procèdent d’une démarche étrangement similaire : tenter d’apprivoiser l’infinie complexité de la réalité et, à défaut, donner l’illusion qu’on y parvient. Supposer vrai ce que l’on sait faux, ou bien trop simple, pour mieux en vérifier quelques éléments. C’est, dit-on, la marque même de la méthode scientifique, et de la puissance de l’auteur, que de susciter cette « suspension d’incrédulité » contre-intuitive, qui suppose un effort pour, l’espace d’un moment, prendre la partie pour le tout, l’ombre pour la proie et, finalement, le modèle pour la réalité. Alors, parfois, le vraisemblable permet d’accéder au vrai sans en être aveuglé.
Enfin, et c’est sans doute le plus important, parce que le rôle du modèle ne se révèle jamais autant que dans son partage à l’échelle d’une communauté, qu’elle soit de chercheurs ou de citoyens, que dans sa transversalité, dans sa mutabilité. Les récits de science-fiction sont, la plupart du temps, des invites à la modélisation tous azimuts. Sociale, politique, technique, économique, morale, etc. Comment ne pas voir dans tout le corpus disponible, de Jules Verne aux Cyberpunks, des experts du GIEC aux expériences de pensée des auteurs de hard SF, la fascinante émergence d’un modèle de réflexion sur le monde ? Ou, plutôt, une batterie de contre-modèles destinés, par contraste, à mieux comprendre la réalité ?
Les douzièmes Journées interdisciplinaires «Sciences & Fictions» de Peyresq, qui se sont tenues du 18 au 21 mai 2018, ont réuni des chercheurs et des auteurs autour de questions-clefs résolument transversales, qui ont fait l’objet de sessions thématiques. Peut-on modéliser le futur ? Les utopies sont-elles des modèles politiques ? La science-fiction a-t-elle un rôle à jouer dans les faisceaux de scenarii climatiques ? Peut-on identifier les paramètres de la conquête de l’espace ?
Formuler de telles questions, c’est déjà, on le sait, pressentir en amont des réponses qui ne demandent qu’à émerger. C’est toute la méthode peyrescane, déjà aguerrie par douze éditions de nos Journées Interdisciplinaires Sciences et Fictions, que de tenter de créer les conditions de cette émergence. C’est aussi cette démarche originale de travail collectif, sa robustesse et sa capacité à forger, sur le long terme, une communauté de recherche convenablement outillée pour penser le monde, qui devaient être validées lors de cette édition particulière, avec le soutien d’Université Côte d’Azur et de sa Maison de la Modélisation, de la Simulation et des Interactions, dans le cadre de l’IDEX JEDI.
Voilà chose faite. Nous espérons que ces Actes sauront vous en persuader, et que d’autres communautés voudront s’emparer de cette approche originale, résolument interdisciplinaire, entre ces sciences qu’on dit dures, sciences humaines et sociales et l’ensemble des arts, pour aborder bien d‘autres questions encore…
LES PARTICIPANTS
Les journées Sciences & Fictions de Peyresq constituent un moment de rencontre entre “littéraires”, “scientifiques” et écrivains conscients de l’importance de la science-fiction comme outil de communication et de pédagogie de la science.
Anouk Arnal • Ingénieur agronome & éditrice, Saint-Martin-du-Var
Ugo Bellagamba • Écrivain & Historien du droit et des idées politiques Laboratoire ERMES, Université de Nice Sophia Antipolis
Estelle Blanquet • Didacticienne des sciences, INSPE de l’Académie de Bordeaux, LACES, Université de Bordeaux & CRHI, Université Côte d’Azur
Simon Bréan • Centre d’études de la langue et des littératures françaises (CELLF), Équipe « Littératures françaises XXe-XXIe siècles », Université Paris-Sorbonne
Claude Ecken • Écrivain, Béziers
Jean-Luc Gautero • Logicien et épistémologue, CRHI, Université Côte d’Azur
Franck Grammont • Modélisation des neurosciences et des sciences cognitives, Laboratoire J. A. Dieudonné, Université Côte d’Azur
Daniel Hennequin • Physicien CNRS & vulgarisateur (kezako.unisciel.fr) Laboratoire de Physique des Lasers, Atomes et Molécules (PhLaM),
équipe « Atomes froids », Université Lille I
Élodie Hommel • Sociologue, Institut des Technosciences de l’Information et de la Communication, Université Paul Valéry, Montpellier
Irène Langlet • Équipe «Littérature contemporaine», Laboratoire «Littératures, Savoirs et Arts» LISAA, Université de Paris-Est
Marne-la-Vallée
Claude Lobry • Mathématicien, ancien professeur à l’Université de Nice
Suzanne Malaval • Dentiste, Nice
Éric Picholle • Physicien CNRS, Institut de Physique de Nice
Équipe « Photonique et Information Quantiques », Université Côte d’Azur & MSHS – Sud-Est, Axe « Histoire des Idées, des Sciences et des Pratiques »
Jean Picholle • Chef d’entreprise, Pau
Alice Ray • Angliciste et traductrice, docteur en traductologie, Université d’Orléans
Jean-Jacques Régnier • Écrivain & ancien ingénieur MSH, Aix-Marseille Université
Frédérique Rémy • Glaciologue CNRS, Équipe « Cryosphère »,
Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS), Université Paul Sabatier, Toulouse 2
Anne Rosfelter • Doctorante en biologie cellulaire, Laboratoire Biologie du Développement de l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer (Sorbonne Université)
Pascal J. Thomas • Mathématicien, Institut de Mathématiques, Université Paul Sabatier, Toulouse 2
Daniel Tron • Angliciste, Université de Tours & LACES, Bordeaux
Anthony Vallat • Sociologue, École Supérieure de Santé de Lausanne, Suisse
LES SOUTIENS
Les Journées interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq
sont organisées par Université Côte d’Azur, l’INSPÉ de l’Académie de Bordeaux (Université de Bordeaux), l’Université François-Rabelais de Tours et l’association Physique à Nice, avec le soutien de l’association ASBL Nicolas-Claude Fabri de Peiresc « Foyer d’Humanisme », du Centre de Recherche en Histoire des Idées (CRHI, Nice), le Laboratoire Cultures – Éducation – Sociétés (LACES, Bordeaux), l’Institut de Physique de Nice (INPHYNI), de la Maison de la Modélisation, de la Simulation et des Interactions (MSI) d’Université Côte d’Azur et de la Maison des Sciences de l’Hommes et de la Société (MSHS) Sud-Est.
Pour inviter à la lecture, voici des extraits de l’ouvrage.
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> des Crédits et des Remerciements
> de l’Index des personnes citées (11 pages)
> de l’Index des œuvres (14 pages)
> de l’Index des thèmes (23 pages)
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